La détention du journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, que les talibans gardaient captif depuis le 7 janvier, en Afghanistan, a pris fin mercredi 18 octobre, au terme d’une longue procédure judiciaire. Il a été libéré de la prison de Pul-e-Charkhi, située dans la banlieue de Kaboul. Selon Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), dont l’ONG a été aux premières loges du combat pour sa libération, il devrait regagner la France d’ici à la fin de la semaine.
Ses proches savaient, depuis le 7 octobre, que l’issue était proche. Ce jour-là, le juge chargé de l’instruction du dossier ouvert par la justice talibane sur des accusations d’« espionnage » avait indiqué, au terme de son enquête, son intention d’abandonner les charges qui pesaient à son encontre. Dès lors, les investigations se dirigeaient vers un probable acquittement. Le 12 octobre, la levée de l’obligation de verser une caution fut un autre signe encourageant. Mercredi matin, deux témoins de moralité sont venus devant la cour criminelle de Kaboul attester que l’intéressé n’avait jamais eu l’intention de contrevenir aux intérêts du régime des mollahs afghans.
Après deux cent quatre-vingt-quatre jours d’emprisonnement, précise RSF dans un communiqué, « ce jour, les juges ont prononcé son acquittement de toutes les infractions, incluant l’espionnage, le soutien illégal à des étrangers et l’aide au franchissement d’une frontière extérieure ». En contrepartie, ce jeune homme de 29 ans s’est engagé, par écrit, à ne plus jamais travailler avec des étrangers en tant que traducteur ou collaborateur en Afghanistan. Francophone, il avait travaillé, dans un passé récent, avec de nombreux médias français, dont France Télévisions, TV5 Monde, Arte, Radio France, Libération ou La Croix.
Cet Afghan d’origine, réfugié en France depuis 2015, avait décidé de revenir en Afghanistan pour un reportage, croyant, sans doute, que son passeport français le protégerait. Il avait atterri, le 5 janvier. Le 7 janvier, alors qu’il se rendait vers le ministère des affaires étrangères pour récupérer son accréditation, un permis de travail obligatoire, valable la durée du séjour dans le pays, il est contrôlé à l’un des nombreux barrages installés dans la capitale. Après la vérification de son identité, les policiers l’ont extrait de son véhicule et arrêté.
« Relativement bien traité »
Détenu, dans un premier temps, dans l’un des centres de détention des services de renseignement talibans, à Kaboul, il a, ensuite, été transféré dans une prison plus classique. Il apparaît que son arrivée aurait été signalée dès son passage de la frontière, son nom figurant sur une « liste noire » de personnes jugées indésirables en Afghanistan. En juillet, Zabihullah Mujahid, le porte-parole du régime, confirmait, dans un reportage de France Télévisions : « Il a (…) été arrêté, pas en tant que journaliste (…), mais parce qu’il a des relations directes avec des opposants à notre régime. »
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