Cinq mois et demi après le rachat en urgence de Credit Suisse, Sergio Ermotti, le directeur général d’UBS, l’assure : la décision, annoncée jeudi 31 août, d’intégrer totalement au sein du groupe le réseau de banques de détail de son grand rival dans la Confédération est « la meilleure solution pour UBS, les parties prenantes et l’économie suisse ».
L’enseigne Credit Suisse, créée en 1856 et qui employait dans le pays 16 700 personnes, pourrait donc disparaître du marché helvétique de la banque de détail d’ici à la fin 2025, le temps de mener à bien les formalités juridiques, puis d’opérer la migration des clients vers les systèmes d’UBS. Avec, à la clé, des suppressions d’emplois que le groupe chiffre pour l’instant à 3 000 : un millier directement liées à l’intégration du réseau, 2 000 autres à la restructuration du groupe dans son ensemble. Fin juin, le groupe employait un peu moins de 120 000 personnes dans le monde, dont 45 286 pour l’ex-Credit Suisse, soit environ 5 000 de moins que fin 2022.
Les six autres scénarios étudiés ces derniers mois, parmi lesquels figuraient une introduction en Bourse des activités de banque de réseau de Credit Suisse, leur scission totale et leur vente pure et simple, auraient eux aussi abouti à des réductions d’effectifs, a expliqué Sergio Ermotti.
Résultats financiers exceptionnels pour UBS
Le directeur général, rappelé en urgence en mars à la tête du groupe qu’il avait quitté en 2020, a donc tranché sans attendre l’avis de la « Comco », la Commission de la concurrence helvétique. « La concurrence sur le marché suisse reste forte dans l’ensemble de nos activités », a-t-il expliqué jeudi, précisant que le réseau d’UBS ne serait, après la reprise de celui de Credit Suisse, que le troisième du pays.
Cette intégration ne constitue qu’un volet des restructurations prévues à l’échelle du groupe : UBS s’est fixé pour objectif de réaliser plus de 10 milliards de dollars (9,18 milliards d’euros) d’économies d’ici à la fin 2026, notamment en cédant des activités jugées non stratégiques, dans la banque d’investissement entre autres. UBS entend en effet privilégier la gestion de fortune et la gestion d’actifs, les domaines qui ont fait son succès ces dernières années.
Cette expertise a permis, au deuxième trimestre 2023, d’inverser la tendance à la fuite des dépôts des clients de Credit Suisse, un mouvement dont l’accélération avait conduit à son sauvetage en urgence mi-mars.
Le trimestre courant d’avril à juin se traduit surtout par des résultats financiers exceptionnels : UBS affiche pour la période un bénéfice net de 28,9 milliards de dollars. Ce record mondial pour le secteur s’explique avant tout par l’impact purement comptable de l’acquisition de Credit Suisse bouclée dès le 12 juin : les 3 milliards de francs suisses (3,13 milliards d’euros) déboursés ne représentaient en effet qu’une petite partie de la valeur réelle des actifs repris, ce qui a conduit à une très forte revalorisation dans les comptes.
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