Après l’attaque du Hamas, l’opposition israélienne prête à rallier un « gouvernement de guerre »

Benyamin Nétanyahou est entré à contrecœur dans une nouvelle guerre à Gaza, le samedi 7 octobre, à la tête du gouvernement le plus radical de l’histoire d’Israël, constitué il y a à peine neuf mois et qui pourrait ne pas y survivre. Depuis samedi soir, le premier ministre discute avec ses principaux opposants de la formation d’un gouvernement d’union nationale, pour la durée des combats.

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Dimanche, le premier d’entre eux, l’ancien chef d’état-major Benny Gantz (centre droit) a publiquement offert ses services. Il souhaite prendre une part influente à « un gouvernement de guerre qui gérera la bataille contre Gaza et sur d’autres terrains », jusqu’à la fin des hostilités. Lundi matin, plusieurs figures du gouvernement abondaient en son sens, dont le ministre des finances Bezalel Smotrich, chef de file de l’extrême droite messianique. Le patron du parti d’opposition centriste Yesh Atid (« Il y a un futur »), Yaïr Lapid, s’y est également dit prêt dès samedi, mais il a exigé au préalable que le premier ministre se débarrasse de M. Smotrich et de ses ministres d’extrême droite.

Selon lui, M. Nétanyahou sait que « ses alliés radicaux et dysfonctionnels » ne peuvent gérer une guerre. Avigdor Lieberman (Israël Beitenou, extrême droite), le leader d’opposition le plus viscéralement hostile au premier ministre, s’est, lui aussi, dit prêt à rejoindre son gouvernement, à condition que celui-ci ait pour but « de détruire le Hamas ».

Dans l’opposition, ces partis ont d’ores et déjà exprimé leur soutien au premier ministre. Tout comme les mouvements citoyens qui s’opposent depuis janvier à la réforme de la justice voulue par Benyamin Nétanyahou : ils ont mis un terme à leurs manifestations et tentent de mobiliser leurs réseaux pour se rendre utiles aux habitants du sud, frappés par le Hamas.

Influence délétère

Mais combien de temps cette union nationale peut-elle durer, alors que le pays a étalé depuis neuf mois ses divisions au grand jour, qui ont gagné jusqu’aux forces armées ? Cette crise a contribué au passage à l’acte du Hamas. Une partie de l’opinion ne pourra manquer de questionner les buts de guerre de M. Nétanyahou à l’avenir, s’il s’enlise dans une opération terrestre, et si les hostilités venaient à impliquer les alliés régionaux du mouvement islamiste palestinien, tel le Hezbollah libanais.

Le premier ministre aura le plus grand mal à se séparer de ses alliés radicaux, dernier carré de fidèles qui l’ont ramené au pouvoir en décembre 2022. Mais leur influence promet d’être délétère dans cette crise. Suprémacistes et messianiques, partisans assumés d’un nettoyage ethnique des territoires palestiniens, ils ont un intérêt objectif à une guerre à outrance à Gaza, et à un embrasement des territoires et des villes arabes israéliennes, où ils attisent les tensions depuis des mois.

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