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Comment Oliver Anthony, chanteur anonyme de country, s’est hissé au sommet des charts américains

Une guitare, un micro, une barbe rousse et des paroles teintées d’une couleur très politique. En quelques jours, Rich Men North of Richmond, et son interprète jusqu’ici totalement inconnu, Oliver Anthony, ont surclassé Taylor Swift, Morgan Wallen ou Olivia Rodrigo pour prendre la première place du classement Billboard Hot 100 daté de la semaine du 26 août et publié mardi 22 août.

De la country en tête des hit-parades aux Etats-Unis, ce n’est pas rare. Mais d’après l’hebdomadaire Billboard, dont le « Hot 100 » reflète les ventes et les diffusions en streaming et à la radio – tous genres confondus, aux Etats-Unis –, c’est la première fois qu’un auteur-compositeur encore totalement anonyme quelques jours auparavant réalise un tel exploit.

Publiée le 9 août sur YouTube, puis sur Spotify et Apple Music le 11 août, la chanson est passée aussitôt en tête du classement country de la plate-forme musicale d’Apple. Mardi, le titre cumulait près de 16 millions d’écoutes sur Spotify et 32 millions de vues sur YouTube.

Sur une guitare aux accents bluegrass, un sous-genre originaire des Appalaches, les paroles dénoncent la dureté de la vie de la classe ouvrière et des plus démunis face aux privilèges des nantis. Le refrain et le titre font référence aux élites de Washington, la capitale fédérale, située à 175 kilomètres « au nord de Richmond », la capitale de la Virginie et ancienne capitale des confédérés et partisans de l’esclavage pendant la guerre de Sécession. « Seigneur, tu le sais/Ils veulent juste avoir le contrôle total », scande Oliver Anthony, qui, de son côté, « a vendu [son] âme/A trimer toute la journée/A faire des heures sup’/Pour un salaire de merde ».

Les accents populistes de la chanson « penchent indéniablement à droite », analyse le New York Times, dans un article publié le 21 août. De son côté, le tabloïd du magnat conservateur Rupert Murdoch, le New York Post, l’a qualifiée le 11 août « d’hymne politique des cols-bleus », reprenant un couplet qui oppose « les gens à la rue qui n’ont rien à manger », dont le « dollar ne vaut rien/Et qui est taxé jusqu’à l’os », à ceux qui pèsent « plus de 150 kg », dénonçant au passage « cette vache laitière obèse » qu’est « l’Etat-providence ».

« Tactiques de guérilla numérique »

Le t-shirt d’un fan clame « In Oliver We Trust », en référence à la devise américaine « In God We Trust », lors d’un concert, à Moyock (Caroline du Nord), le 19 août 2023.

Pour le tabloïd, la quête d’un chanteur, qui vivrait « dans une caravane à Farmville, Virginie », ne se résume pas à la « lutte des classes », mais tire ses inspirations dans « le libertarisme qui a donné naissance à la révolution américaine ».

De son côté, le New York Times souligne des références à certains mythes complotistes, qui prêtent notamment à la classe politique américaine des pratiques pédophiles généralisées : « J’aimerais que les politiciens/S’occupent des mineurs/Et pas seulement de ceux qui sont sur une île quelque part ».

Lire le décryptage : La sphère complotiste, allié embarrassant de la lutte contre la pédocriminalité

Pour le quotidien new-yorkais de référence, le succès « stupéfiant » d’Oliver Anthony s’explique tout d’abord par le fait qu’il s’adresse « à un public qui se considère comme défavorisé ». Mais, toujours selon le journal, ce succès s’explique aussi par le « savoir-faire » et « les tactiques de guérilla numérique » dont peuvent faire preuve de nombreuses personnalités issues de « milieux conservateurs », et qui s’estiment « marginalisées » par les « industries culturelles ».

Dès sa publication, la chanson a été reprise par plusieurs figures influentes de la sphère ultraconservatrice américaine. Le New York Times cite notamment Jack Posobiec, ancien militaire devenu présentateur télévisé, militant pro-Trump et adepte de nombreuses théories du complot. Le 11 août, soit deux jours après la publication du titre sur YouTube, Jack Posobiec a repartagé la chanson sur son compte X (anciennement Twitter), habituellement coutumier de posts relatifs à la théorie du « grand remplacement », ou à des prises de position pro-Kremlin.

Lire le portrait : Qui est le militant pro-Trump qui a relayé les « MacronLeaks » ?

Toujours le 11 août, l’éditorialiste conservateur Matt Walsh a expliqué sur X que le succès de cette chanson ne tenait pas à son ton « politique », mais à son caractère « brut et authentique ». Deux jours plus tard, Joe Rogan, présentateur du célèbre podcast « The Joe Rogan Experience » – qui revendique plusieurs millions d’auditeurs – a diffusé un extrait de la chanson sur son compte Instagram, avec pour seul commentaire : « On ne peut pas falsifier ce qui est authentique. »

« Les progressistes devraient aussi écouter »

Lors d’un concert d’Oliver Anthony, à Moyock (Caroline du Nord), le 19 août 2023.

Dans la sphère politique, la chanson a également connu un retentissement rapide. L’élue républicaine de Géorgie au Congrès, Marjorie Taylor Greene, soutien de Donald Trump et adepte de théories complotistes, avait salué sur X le 11 août « un hymne aux Américains oubliés par notre gouvernement ».

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A gauche, le sénateur démocrate du Connecticut, Chris Murphy, a estimé sur X que « les progressistes devraient aussi écouter » cette chanson contre « les salaires de merde et le pouvoir des élites ».

De son côté, le chanteur « ne voit pas [son] pays durer une génération de plus si [les Américains] continuent sur cette voie ». « Nous devons revenir aux racines de ce qui a fait [notre] grandeur », a-t-il réclamé samedi lors d’un concert gratuit en Caroline du Nord.

Oliver Anthony (Christopher Anthony Lunsford, de son vrai nom) ne se considère ni « comme un bon musicien ni comme une bonne personne », mais simplement comme « un idiot avec sa guitare ». Dans un post publié sur Facebook le 17 août, il se présente comme ayant « abandonné le lycée à 17 ans » avant de travailler comme ouvrier dans différentes usines de Virginie. Rongé un temps par « l’alcool » et la « dépression », il explique avoir ensuite « trouvé la foi ». Il se donne pour objectif de dénoncer des « atrocités » telles que le « trafic d’êtres humains » ou la « pédophilie », qui serait, selon lui, en train de devenir la « norme ». Malgré le succès fulgurant de sa chanson, l’artiste assure « détester la manière dont Internet nous a divisés ». « Internet est un parasite » qui a, selon lui, « infecté l’esprit humain ». Le post a été liké 134 000 fois.

By Luis Morales

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